Archives du séminaire HiPhiS
Retrouvez dans cette rubrique les résumés et les affiches des conférences du séminaire HiPhiS passées depuis 2009, par cycles thématiques, ainsi que des documents associés lorsque disponibles.
De 2009 à 2013, certaines conférences ont bénéficié d’une captation vidéo par le service audiovisuel de la MSH-M (MSH-Sud depuis 2016) ou par la WebTV de l’UM2 (cette dernière a été absorbée en 2015 par la WebTV UM). Ces vidéos sont disponibles en ligne et en téléchargement sur leurs plateformes respectives, en suivent les liens repérés par les icônes ou .
Cycle 2009–2010 : Langages scientifiques, langages éthiques
11 conférences programmées de mai 2009 à juin 2010.
Ce nouveau séminaire inter-universitaire de vulgarisation de haut niveau sur la science contemporaine, vise à attirer l’attention de l’ensemble de la communauté universitaire (enseignants et étudiants) sur l’intérêt interdisciplinaire et les enjeux philosophiques des recherches accomplies dans les équipes et les laboratoires de nos universités, ainsi que dans la communauté scientifique internationale.
En définitive, il s’agit de rencontres où les regards sont croisés, en prise directe avec les problèmes qu’affrontent les diverses disciplines et avec le grand espoir – fondé par Dominique Lecourt dans son rapport au Ministre sur l’enseignement de la Philosophie des Sciences – que si l’on prend soin d’analyser philosophiquement l’histoire des conceptions, théorisations et formalisations dont ces problèmes portent la trace, ce questionnement s’avèrera utile à la recherche elle-même.
Cycle 2010–2011 : Objectivité / Subjectivité
7 conférences programmées de novembre 2010 à novembre 2011.
Nous avons pris l’habitude de définir la science en termes d’objectivité, traçant une frontière nette avec la sphère de la subjectivité. Mais l’histoire nous apprend que cette notion d’objectivité est récente : elle apparaît au milieu du XIXe siècle puis se diffuse largement. Elle revêt diverses figures : l’objectivité mécanique, où l’automatisation des procédés est censée déjouer la partialité de l’observateur ; l’objectivité structurale, où l’on recherche des relations de plus en plus abstraites ; puis par réaction l’affirmation du rôle de l’expert : le jugement instruit. Ce thème, qui traverse l’ensemble des disciplines représentées dans le séminaire HiPhiS, nous permettra d’interroger cette distinction à la lumière des recherches actuelles.
Cycle en partenariat avec le programme MSH-M « Science et société »
Intermède : printemps 2012
3 conférences programmées d’avril à mai 2012.
Mini-cycle sans thématique, dont la programmation est réduite en l’absence de financements institutionnels cette année.
Cycle 2012–2013 : Relations et relativisme
6 conférences programmées d’octobre 2012 à juin 2013.
Les sciences décrivent des objets et des relations entre ces objets : description de l’électron et de ses relations au temps et à l’espace par le physicien, par exemple, ou description d’une cellule et de ses relations à l’organisme vivant par le biologiste, ou encore description d’un individu et de ses relations à la société pour le sociologue, etc. Ainsi, établir des « relations » entre des objets constitue-t-il un moment essentiel de l’activité scientifique. Peut-être même « son » moment essentiel.
En tout cas, l’épistémologie contemporaine déplace de plus en plus son attention vers cette activité d’établissement de relations. En d’autres termes, elle s’intéresse de plus en plus aux relations et de moins en moins aux objets. Elle souligne le fait que la science contemporaine a mis en évidence, dans tous les domaines, de nouvelles relations. Mais qui dit relation ne dit-il aussi relatif ? Cette nouvelle épistémologie ne débouche-t-elle pas sur un relativisme ?
Cinquante ans après la publication de l’ouvrage « The Structure of Scientific Revolutions » de Thomas Kuhn, ouvrage qui a introduit le relativisme au coeur de l’épistémologie, qu’en est-il de la tension entre positivisme (qui s’intéresse prioritairement aux objets) et relativisme (qui s’intéresse prioritairement aux relations) ? Quel rôle jouent les normes et les valeurs dans cette tension persistante et comment sont-elles fixées ? Qu’en est-il de la présumée « neutralité axiologique » du chercheur (le chercheur est censé être neutre et n’avoir aucune « préférence » pour une version ou pour une autre de la réalité) ? Ces questions méritent d’être posées à la lumière des tendances qui s’affirment actuellement dans l’épistémologie. C’est ce que nous ferons dans le cycle « relations et relativisme ».
Enfin, le séminaire HiPhiS s’associe à la commémoration du centenaire de la disparition de Henri Poincaré (1854–1912), mathématicien, physicien et philosophe. Une conférence lui est plus spécialement consacrée.
Cycle 2014 : La fiction et la science : éternels ennemis, éternels complices
7 conférences programmées de février à décembre 2014.
Science et fiction constituent deux productions de l’esprit humain qui, au premier abord, paraissent dériver d’activités radicalement opposées. La science produit des images du réel qui se veulent vraies, vérifiables et vérifiées. La fiction produit des images irréelles et assumées comme telles. Quoi de plus opposé, si on s’en tient à cette caractérisation, que la science et la fiction ? Pourtant, un certain nombre d’indices signalent qu’il pourrait bien s’agir là d’une idée aussi naïve que fausse. D’une part, bien sûr, il existe un champ littéraire baptisé justement « science fiction », donc est défini un terme qui allie les deux notions prétendument opposées. D’autre part, de nombreux récits de scientifiques montrent que les processus de découverte mettent en jeu des fictions particulières souvent appelées « expériences de pensée ». Ainsi donc, loin d’être aux antipodes l’un de l’autre, la science et la fiction pourraient bien être aussi solidaires que les deux faces d’une même pièce.
Au cours de ce cycle du séminaires HiPhiS, nous examinerons ces divers aspects du rapport entre science et fiction en parcourant les différents domaines scientifiques. Les mathématiques, libres créations de l’esprit humain, sont-elles des fictions logiques ? Les sciences de la nature – physique, chimie, mathématique – s’appuient-elles sur des productions de l’imagination ? Les sciences humaines sont-elles constituées de discours provisoires sur la société et sur l’homme ? L’univers juridique est-il un monde de représentations et de mensonges utiles ? L’intelligence artificielle est-elle la fiction d’une réalité en train d’advenir ? A travers ces questionnements, nous nous interrogerons à la fois sur les rapports entre les sciences et le réel et sur les dimensions épistémiques du processus de création scientifique.
Cycle 2015–2016 : Simplicité, complexité, globalité
10 conférences programmées de juin 2015 à novembre 2016.
« La simplicité est la sophistication ultime. » (Léonard de Vinci)
« Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable. » (Paul Valéry)
« Vous pouvez toujours reconnaître la vérité par sa beauté et sa simplicité. » (Richard Feynman)
L’appréhension des phénomènes complexes est un enjeu décisif pour le développement de la rationalité scientifique. Cependant la science continue de fonctionner par application du principe de simplicité : sans simplification, point de science. Les progrès des sciences passent, en effet, presque toujours par une recherche de la plus grande simplicité explicative. A-t-on affaire ici à une opposition entre un monde complexe et des explications toujours trop simples, comme le suggère Valéry ? Ou bien cet antagonisme ne serait-il qu’apparent ? Le cycle 2016 du séminaire HiPhiS se propose d’examiner les rapports du simple et du complexe dans les différents champs scientifiques où il se présente : des sciences formelles aux sciences humaines en passant par les sciences de la matière et les sciences du vivant. A-t-on d’ailleurs affaire à la même complexité lorsqu’il s’agit d’algorithmes, de physique, de chimie, de biologie ou d’organisations sociales ? Comment, au demeurant, définir la complexité et les notions qui lui sont traditionnellement associées : information, système, émergence ? La complexité exprime-t-elle les relations entre le tout et les parties ? La maîtrise de la complexité dans la simplicité passerait-elle par la notion de globalité ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles nous inviterons les participants de ce cycle du séminaire HiPhiS à proposer leurs réponses.
Cycle 2017 : Causes, fondements, origines
10 conférences programmées de février à décembre 2017.
…Le fond précédant la forme
Pourquoi le ciel est-il bleu le jour et noir la nuit ? Pourquoi le climat change-t-il si rapidement depuis le début du XXe siècle ? Expliquer, est-ce justifier ? Derrière ces interrogations figure un moteur essentiel de la démarche scientifique et des relations entre sciences et société : la recherche et des causes et/ou des origines. Dans le prolongement du cycle 2016 sur la complexité, ce nouveau cycle HiPhiS souhaite interroger conjointement deux problématiques majeures et les liens qui les unissent : d’une part la causalité qui met en jeu des lois, règles, ou normes régissant l’enchaînement des phénomènes (déterminismes), d’autre part l’origine qui questionne les commencements, fondements, principes ou causes premières (sources) – la causalité impliquant répétition alors que l’origine ne se répète pas.
La question de l’origine est au cœur des imaginaires sociaux. Longtemps domaine privilégié de la métaphysique et de la philosophie, elle constitue également une préoccupation des disciplines scientifiques, historiquement d’abord en biologie (origine des espèces ou du vivant) puis en physique (origine du cosmos), l’« origine » présentant ici une bipolarité sémantique que le sens commun a souvent du mal à départir : « commencement » ou « cause première », selon que l’on se place dans une perspective historique ou ontologique. Parallèlement, au tournant du XXe siècle, la recherche des bases ultimes des mathématiques a confronté celles-ci à une véritable « crise des fondements ».
De son côté, l’acception commune de causalité est parfois malmenée dans certaines disciplines : juridiques (qui privilégient le concept d’imputation), en physique quantique, ou encore dans les processus de chaos déterministe, par exemple. Lorsque de très nombreuses causes sont impliquées dans un phénomène complexe, peut-on en identifier une qui soit déterminante ? Enfin, comment la causalité se distingue-t-elle de la simple corrélation ? On pense par exemple à cette « ontologie aveugle » inhérente aux Big Data, dont l’exploitation automatisée révèle des corrélations d’une précision stupéfiante, sans pour autant identifier des causalités claires ni proposer des théories explicatives à ces corrélations…
Cycle 2018 : Les controverses, moteur intellectuel du progrès scientifique
11 conférences programmées de janvier 2018 à janvier 2019.
Si le fait d’argumenter en faveur d’une théorie ou d’une autre fait partie intégrante de l’exercice de la science, les tensions que suscite l’argumentation prennent parfois la forme de disputes, de controverses ou de polémiques qui agitent la sphère savante, voire au-delà se déploient sur la place publique, relayées par les médias autour d’enjeux de société. Les controverses permettent alors de se déprendre d’une vision trop positiviste de l’activité scientifique, en faisant surgir les aspects artificiels et conventionnels des pratiques et croyances qui l’accompagnent, à l’instar de toute activité humaine/sociale.
Mais la fonction de la controverse ne saurait se limiter à cet aspect démystificateur : par les avancées scientifiques qui résultent des débats qu’elle donne à voir, la controverse peut s’envisager comme un moteur intellectuel du progrès scientifique. Nous nous proposons ainsi d’observer et de rendre compte, dans la pratique scientifique, du fonctionnement de ces controverses et des enjeux épistémologiques et axiologiques qu’elles portent, notamment dans l’émergence de nouveaux paradigmes.
En définitive et au-delà de la vaine polémique ou des surexpositions médiatiques, ce nouveau cycle annuel HiPhiS souhaite mettre en lumière ce que la controverse peut avoir de fructueux, en montrant à travers plusieurs exemples, récents ou anciens, empruntés aux différents champs scientifiques, comment l’affrontement d’idées ou de paradigmes opposés peut déboucher sur une avancée significative des connaissances scientifiques — sans négliger les cas où les disputes restent ouvertes, voire impossibles à trancher.
Cycle 2019 : Représentations, Analogies, Abstractions
7 conférences programmées de mai 2019 à janvier 2020.
La notion de représentation permet d’interroger le statut de l’objet scientifique et des modalités selon lesquelles on le donne à voir dans la pratique scientifique elle-même. S’agit-il d’un double du réel ? S’agit-il d’une idéalisation ? S’agit-il d’une abstraction ? La représentation nous donne-t-elle accès à ce qui échapperait autrement à la perception sensible (représentation d’atomes, de molécules, etc) ? Ou s’agit-il de donner à voir ce qui relèverait en principe du pur concept (statut des objets mathématiques par exemple) ? En sciences, la réalité ne se réduit pas à des représentations donnant lieu à des preuves formelles, pas plus qu’elle ne se réduit à des manifestations donnant lieu à des preuves empiriques. Mais comment raisonner de manière correcte sur des objets qui ne sont pas toujours parfaitement déterminés ? Comment se représenter ce qui en eux n’est pas encore connu ?
Si les représentations renvoient plutôt aux objets de la science, à leur rapport au réel, au rôle de la sémiotique, etc, de leur côté l’analogie et l’abstraction renvoient aux méthodes de la science, à ses modes de raisonnement : abstraire, c’est isoler des aspects communs à différentes situations (en s’extrayant des contextes) de façon à établir des résultats généraux et permettre des unifications. Les analogies permettent le transfert de méthodes et d’intuitions d’une situation ou d’un domaine vers un autre, alors que l’application de ces méthodes ou intuitions aurait pu ne pas être considérée comme légitime a priori mais peut se révéler particulièrement féconde d’un point de vue heuristique ; ainsi, Maxwell s’était-il explicitement inspiré des équations de la mécanique des fluides pour formuler ses lois de l’électromagnétisme.
Or, de même que la construction de représentations mobilise (parfois implicitement) des processus d’abstraction ou d’analogie (cf. la représentation de molécules sous formes de balles reliées par des ressorts), de même ces dernières peuvent-elles rarement se passer de représentations des objets sur lesquelles elles opèrent. Un des problèmes qui peuvent se poser est alors celui de la distorsion ou de l’éloignement par rapport au réel ou aux conditions concrètes que ces procédures et représentations sont susceptibles d’introduire. En théorie du droit par exemple, on distingue le contrôle concret ou abstrait des normes, le second consistant à appréhender la norme sans considération de ses conditions d’application. Ainsi le contrôle de constitutionnalité des lois est dit abstrait — une qualification récemment remise en question dès lors qu’on ne peut plus juger les lois indépendamment de leur interprétation par un magistrat, spécialement depuis l’avènement en 2010 de la question prioritaire de constitutionnalité.
Cycle 2020–2022 : « Modèles et réalités »
9 conférences programmées de janvier 2020 à novembre 2022 (organisation perturbée par la crise sanitaire covid).
L’activité scientifique implique l’élaboration ou l’utilisation de modèles : quelles formes prennent ceux-ci dans les différents champs de la recherche, que ce soit en sciences “dures” ou en sciences humaines ? Comment sont-ils construits ? Se distinguent-ils des théories ? En outre, quels rapports entretiennent-ils avec la réalité visée ? Doit-on parler d’une ou de plusieurs réalités ? En particulier, doit-on distinguer réalité empirique et “réalité en soi” et/ou les réalités des différents domaines de recherche ? Ce questionnement sur le statut et la genèse des modèles s’inscrit dans l’actualité de la réflexion en épistémologie et l’ouvre à une perspective comparatiste entre les domaines de recherche.
Illustré par une variété d’exemples en sciences (modèle ondulatoire vs. corpusculaire de la lumière ; modèles de l’atome ou de la liaison chimique ; modèle standard de la physique, du cosmos, ou du système Terre…), le terme de modèle recouvre en fait une diversité d’acceptions et d’usages : instance/objet d’une théorie scientifique ; représentation simplifiée ou idéalisée du réel ; simulation (e.g. numérique) ou extrapolation de situations concrètes. Les finalités d’usage des modèles peuvent être heuristiques (explicatives), ou au contraire “balistiques” quand il s’agit d’ingénierie ou d’applications des sciences.
Ainsi, après avoir été une science purement descriptive, la biologie devenue expérimentale utilise aujourd’hui une large variété de modèles prédictifs, descriptifs, représentatifs, explicatifs, à travers lesquels le biologiste construit son regard sur le monde. Par ailleurs, le rapport entre modèle et réalité interroge la nature même de la science économique : étant acquis que les modèles ne sont que des représentations incomplètes de la réalité, quel degré d’irréalisme y est-il acceptable ? Le réalisme des hypothèses doit-il céder le pas à la capacité prédictive ?
Les modèles étant souvent exprimés dans un langage mathématique (en vertu de sa force opératoire), les interactions des mathématiques avec d’autres disciplines suscitent en retour le développement des mathématiques appliquées sous la forme de nouveaux modèles, qui mènent parfois à de nouvelles théorisations mathématiques. La distinction entre mathématiques pures et appliquées a-t-elle alors un sens ? Réciproquement, le développement des mathématiques pures ne pourrait-il être vu comme relevant d’une modélisation intra-mathématique, autrement dit de l’application des mathématiques à elles-mêmes ? En logique mathématique, la théorie des modèles étudie les rapports entre une théorie (une axiomatique) et ses différents modèles (les objets mathématiques qui vérifient ses axiomes), ainsi que les rapports entre eux de ces différents modèles.
Mais les sciences utilisent aussi des modèles hors langage mathématique. Par exemple, la pensée juridique ne cesse de créer des modèles et des catégories méta-discursives pour tenter de clarifier le chaos normatif des règles de droit ; mais par-delà sa vertu pédagogique et heuristique, cette tentative de modélisation reste confrontée à la contingence jusisprudentielle, témoin l’exemple des modèles de justice constitutionnelle que la doctrine tente, non sans difficulté, de dresser entre les cultures judiciaires américaine et européenne. D’autres grandes disciplines utilisent des modèles fondés sur le langage chimique, celui des éléments constitutifs de la matière, où les liens entre modèles et réalité générent les mêmes interrogations ontologiques qu’à propos des mathématiques et de la physique.
Cycle 2023 : « Communication scientifique : certitudes, incertitudes et prise de décision » (2023)
[ titre abrégé : « Science publique : (in)certitude & décision » ]
7 conférences programmées de mars à décembre 2023
« La physique ne nous dit certes pas tout, mais ce qu’elle dit, elle est la seule à pouvoir le dire. » (Étienne Klein)
La décision publique (politique, administrative, judiciaire…) a régulièrement besoin de s’appuyer sur la connaissance ou l’expertise scientifique. Ce qui, en situation d’urgence, de crise ou face à de grands enjeux sociétaux (santé, climat, énergie…), peut mener à des malentendus sévères voire à des mises en accusation. En effet, chacun espère que la prise de décision s’appuie sur une information réputée sûre (“certitudes”), alors que les savoirs produits par la science sont par essence susceptibles d’être remis en cause (“incertitudes”), en particulier par l’avancée de la science elle-même.
Comment, dans quelle mesure, jusqu’où et jusqu’à quand un savoir scientifique peut-il être suffisamment assuré pour contribuer à la prise de décision ? Comment les résultats de la recherche et les spécificités de la méthode scientifique peuvent-ils, ou doivent-ils être diffusés en direction du grand public ?
La communication scientifique, qui vise à informer les différents publics sur les avancées des sciences et des techniques et sur leurs rôles dans la société, s’exerce désormais dans un espace médiatique devenu perméable aux théories du complot. Comme illustré à plusieurs reprises dans l’actualité récente, des questions scientifiques importantes (en matière d’environnement ou de santé par exemple) suscitent des discussions biaisées, polarisent les opinions et font croître des micro-communautés épistémiques au sein desquelles se diffusent rumeurs et fausses nouvelles. Au regard des enjeux pour des sociétés engagées à relever les défis immenses de l’anthropocène, la fragilité et l’ambivalence de la communication des sciences en font un sujet d’intérêt public. Non tant qu’il y ait un effondrement général de la confiance du grand public dans les sciences, mais des actions de communication à visée de désinformation et d’origines diverses peuvent réussir à brouiller les frontières entre science et opinion, entre sujets de débat et sujets de consensus, entre questions de fait et questions de valeur.
Le cycle HiPhiS 2023 souhaite mettre en débat ces questions vives de la communication scientifique, en apportant un éclairage pluridisciplinaire sur les liens entre certitudes, incertitudes et prises de décisions.