Cycle HiPhiS 2016 : Simplicité, complexité, globalité

11 conférences programmées de juin 2015 à décembre 2016.

« La simplicité est la sophistication ultime. » (Léonard de Vinci)
« Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l’est pas est inutilisable. » (Paul Valéry)
« Vous pouvez toujours reconnaître la vérité par sa beauté et sa simplicité. » (Richard Feynman)

  L’appréhension des phénomènes complexes est un enjeu décisif pour le développement de la rationalité scientifique. Cependant la science continue de fonctionner par application du principe de simplicité : sans simplification, point de science. Les progrès des sciences passent, en effet, presque toujours par une recherche de la plus grande simplicité explicative. A-t-on affaire ici à une opposition entre un monde complexe et des explications toujours trop simples, comme le suggère Valéry ? Ou bien cet antagonisme ne serait-il qu’apparent ? Le cycle 2016 du séminaire HiPhiS se propose d’examiner les rapports du simple et du complexe dans les différents champs scientifiques où il se présente : des sciences formelles aux sciences humaines en passant par les sciences de la matière et les sciences du vivant. A-t-on d’ailleurs affaire à la même complexité lorsqu’il s’agit d’algorithmes, de physique, de chimie, de biologie ou d’organisations sociales ? Comment, au demeurant, définir la complexité et les notions qui lui sont traditionnellement associées : information, système, émergence ? La complexité exprime-t-elle les relations entre le tout et les parties ? La maîtrise de la complexité dans la simplicité passerait-elle par la notion de globalité ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles nous inviterons les participants de ce cycle du séminaire HiPhiS à proposer leurs réponses.

Cliquer sur les vignettes pour voir les affiches en grand format.

 


Mardi 02 juin 2015
Enquête sur le concept de modèle
   Pascal Nouvel

   Professeur de philosophie, Université Paul-Valéry Montpellier

17h30 – UM Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (campus Triolet, bât. 31)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF282.5 Ko

Conférence associée à la 4e Journée Épistémologie de l’UM

Résumé :

  Qu’est-ce qu’un modèle ? Que signifie « modéliser un problème » ? Et, en premier lieu, ces expressions ont-elles le même sens dans tous les domaines dans lesquels on les trouve employées ? Ont-elles le même sens en logique qu’en physique ? En biologie que dans les sciences de l’ingénieur ? En climatologie qu’en économie ? Dans les sciences de l’environnement que dans les sciences politiques ?
  C’est à ces questions que s’attache tout d’abord cette Enquête sur le concept de modèle. On y trouve successivement exposée, de manière claire et didactique, la signification précise du mot « modéliser » dans chacune de ces spécialités scientifiques. Vient ensuite le temps de la réflexion philosophique : est-il légitime de penser, comme le prétend l’épistémologie spontanée des scientifiques d’aujourd’hui, que la construction de modèles distingue la science de toute autre démarche intellectuelle ? Et peut-on considérer que la modélisation d’un problème correspond toujours à sa simplification ? Les notions de métaphore, d’analogie et de modèle sont alors soigneusement examinées et comparées. L’ensemble fait ressortir les multiples facettes d’un concept central en science.

Affiche HiPhiS 2015-06-02 P. Nouvel


 


Mardi 09 février 2016
Complexité algorithmique : un point de vue logique
   Arnaud Durand

   Logicien et informaticien, enseignant-chercheur à l’Université Paris-7 Denis Diderot

17h30 – UM Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (campus Triolet, bât. 31)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF215.0 Ko

Résumé :

  La complexité est la discipline informatique qui mesure les ressources machines nécessaires (temps ou mémoire, par exemple) pour résoudre un problème algorithmique. Comme science mathématique, elle étudie aussi les liens entre ces mesures elles-mêmes ; résoudre certaines des questions majeures de ce domaine (comme le fameux problème P = NP) représente un défi mathématique important. On fera dans cet exposé une brève introduction aux questions et aux enjeux de la complexité.
  Dans la seconde partie de l’exposé, on adoptera un point de vue de logicien sur la complexité. On montrera notamment comment on peut capturer la plupart des mesures algorithmiques à travers le langage en substituant à la notion de calcul celle de « définition » logique. Ce point de vue s’est avéré particulièrement fructueux en théorie des bases de données lorsqu’il s’agit de mesurer le pouvoir d’expression des langages de requêtes, c’est-à-dire leur capacité à poser des questions « complexes » à une base de données. A travers un certain nombre d’exemples, cet exposé illustrera les liens unissant complexité et logique.

Affiche HiPhiS 2016-02-09 A. Durand


 


Mardi 01 mars 2016
Dynamique des réseaux et des collectifs sociaux
   Michel Grossetti

   Sociologue, D.R. CNRS, D.E. EHESS, LISST – UMR 5193, Université Jean-Jaurès Toulouse

17h30 – UM Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (campus Triolet, bât. 31)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF225.0 Ko

Résumé :

  Les sciences sociales ont des spécificités liées à leur objet, des humains en interaction. Dans le monde social, la complexité et le désordre ne naissent pas nécessairement de l’interaction de nombreuses entités. Les entités sociales, même les plus « élémentaires » sont déjà complexes et partiellement imprévisibles. L’objectif de cette présentation est d’explorer sur cette base ce que peut être une conception « émergentiste » du monde social, dans laquelle les entités sociales sont toujours inscrites dans des processus dont elles émergent et sur lesquels elles rétroagissent. Nous nous centrerons particulièrement sur les processus d’émergence de deux types de formes sociales, les réseaux et les collectifs, qui présentent l’intérêt de faire aisément le lien entre le niveau des personnes et de leurs activités et celui d’ensembles plus vastes.

Affiche HiPhiS 2016-03-01 M. Grossetti


 


Mardi 22 mars 2016
Quand la simplification augmente la complexité : l’étrange cas de l’axiomatisation en mathématiques
   Paola Cantù

   Philosophe des mathématiques, C.R. CNRS, CEPERC, Université d’Aix-Marseille

17h30 – UM Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (bât. 31, campus Triolet)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF345.7 Ko

Invitation conjointe avec l’IMAG Institut Montpelliérain Alexandre Grothendieck

Résumé :

  Dans l’axiomatique mathématique la simplicité peut être entendue (i) comme parcimonie ontologique (selon une version mathématique du rasoir d’Occam : on ne doit pas multiplier sans nécessité les entités présupposées par la théorie), ou (ii) comme parcimonie épistémique (selon la formulation aristotélique : la démonstration qui dérive du plus petit nombre des postulats ou hypothèses est la meilleure), ou encore (iii) comme parcimonie syntactique (selon la formulation de Peano : un système d’axiomes doit avoir le nombre le plus petit des symboles primitifs). Souvent on considère la simplification comme un aspect essentiel de l’entreprise scientifique, mais en mathématiques la simplification peut parfois augmenter plutôt que diminuer la complexité. On analysera le cas de la simplification obtenue par introduction des éléments idéaux ainsi que le cas de la simplification obtenue par diminution des symboles primitifs : dans ces exemples la simplicité est considérée une vertu, mais elle pourrait avoir pour conséquence une augmentation de la complexité ontologique et de la complexité démonstrative respectivement.

Affiche HiPhiS 2016-03-22 P. Cantù


 


Mardi 26 avril 2016
Penser les coïncidences
   Daniel Parrochia

   Philosophe des sciences et épistémologue, Professeur émérite à l’Université Jean-Moulin Lyon 3

17h30 – UM IAE, amphithéâtre Robert Reix (bât. 29, campus Triolet)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF264.4 Ko

Invitation conjointe avec le LIRMM – Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier

Résumé :

  Nous entendons ici étudier la notion de « coïncidence » (rencontre inattendue mais remarquable d’événements significatifs pour nous) et tenter d’en proposer une explication rationnelle. La notion, qui ne fait pas problème dans les philosophies déterministes (Stoïciens, Spinoza, Schopenhauer), prend sens avec la restriction de la sphère causale (Einstein) et l’avènement d’une définition du hasard (Cournot). Dans ce contexte, les coïncidences trouvent leur explication dans les seules lois probabilistes. Telle est la thèse rationaliste classique sur les coïncidences. Cependant, le calcul des probabilités, tout puissant qu’il soit, livre un constat, plus qu’une explication. De plus, ses lois sont parfois violées dans certaines situations physiques. Tout en acceptant les lois du hasard, on peut donc aller un peu au-delà, d’autant que la notion de co-incidence a des aspects géométriques. Nous tenterons ici de développer cette perspective.

Lire la suite…

Penser les coïncidences

Daniel Parrochia
Philosophe des sciences, Professeur émérite à l’Université Jean-Moulin Lyon 3

 

Dans cette conférence, nous entendons étudier la notion de « coïncidence » et tenter d’en proposer une explication rationnelle.

Nous commençons par montrer que la notion ne fait pas problème dans les philosophies déterministes. Des Stoïciens aux philosophes contemporains, de nombreux penseurs se sont interrogés devant les combinaisons d’événements, conjonctures ou coïncidences caractérisant nos vies, leur conférant parfois l’allure d’un « destin » singulier – illusion, rêve ou conjecture réputés dépasser le plus souvent notre compréhension : pour Schopenhauer, comme, plus tard encore, pour Jung, la connection acausale qui unit certains événements du monde en rapport avec un individu précis, ne peut être qu’une vision subjective qui, au mieux, coexiste avec la vision objective, causale, du cours des choses. Pour certains (W. Pauli), le problème, du reste, disparaît dès que nous revenons à cette dernière.

La science moderne (de la théorie des gaz à la mécanique quantique en passant par la théorie de la relativité) a par ailleurs limité de manière diverse l’étendue de la sphère de la causalité, y compris déterministe. De plus, depuis Cournot sinon depuis Pascal et Fermat, on sait que le hasard, c’est-à-dire la rencontre de deux (ou plusieurs) séries indépendantes d’événements, existe bel et bien dans la nature et peut se manifester à tout instant. Dans ce contexte, on peut facilement conjecturer que la plupart des coïncidences auxquelles nous assistons, c’est-à-dire ces rencontres inattendues mais remarquables, et donc, en un sens, significatives pour nous, d’événements apparemment sans lien l’un avec l’autre, trouvent leur explication dans les seules lois du hasard. Le nombre d’événements de l’Univers est si grand, leurs mises en séries si nombreuses, et les possibilités combinatoires si multiples que même l’improbable parvient à se produire avec une certaine régularité. Telle est la thèse rationaliste classique sur les coïncidences.

En même temps, il faut bien comprendre que le calcul des probabilités, tout puissant qu’il soit, n’est qu’un instrument de misère, qui livre un constat, plus qu’il ne fournit une explication. De plus, il arrive que ses lois soient violées dans certaines situations physiques bien précises (non-séparabilité quantique, univers primordial, pendule de Foucault…). Aussi bien, tout en acceptant les lois du hasard, pouvons-nous chercher – car la raison ne l’interdit nullement – d’autres explications, notamment s’il s’avère qu’elles paraissent plus plausibles ou moins coûteuses en hypothèses. C’est le propre de la science de construire des théories à la fois économes et explicatives. Nous donnerons des exemples épistémologiques de coïncidences où l’appel au hasard ne serait d’ailleurs pas plausible.

Il arrive, en outre, qu’un peu de culture mathématique parvienne à démontrer que les hypothèses de la géométrie sont parfois beaucoup moins coûteuses que celles du calcul des probabilités. Le terme de « coïncidence », Nicolas de Cues le savait sans doute mieux que personne, est d’abord un terme de géométrie. Aussi bien arrive-t-il qu’un espace géométriquement décrit, s’il est suffisamment riche, puisse alors rendre compte de certaines singularités. C’est cette hypothèse que nous suggérerons, in fine, de poursuivre au-delà de cette conférence.

 

Affiche HiPhiS 2016-04-26 D. Parrochia

Affiche HiPhiS 2016-04-26 D. Parrochia


 


Mardi 24 mai 2016
L’épigénétique et l’explication du développement : réduction, ou prise en compte de la complexité développementale ?
   Francesca Merlin

   Philosophe de la biologie, C.R. CNRS – IHPST, Université Paris-1 Panthéon Sorbonne, CNRS, ENS

17h30 – UM Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (bât. 31, campus Triolet)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF278.7 Ko

Invitation conjointe avec l’IGH – Institut de Génétique Humaine

Résumé :

  Depuis la fin des années 1990, les recherches en épigénétique sont souvent qualifiées de révolutionnaires car elles montrent que le processus de développement des organismes ne peut pas être réduit à l’information codée dans la séquence d’ADN : il n’y a pas de programme génétique pour le développement. L’expression des gènes dépend en effet de plusieurs marquages biochimiques de la chromatine impliqués de manière dynamique dans la construction du phénotype. Le type d’explication propre à la génétique moléculaire, attribuant un rôle causal privilégié à l’ADN en tant que source principale d’information, est ainsi remis en cause. Dans cet exposé, je montrerai que l’épigénétique n’a cependant provoqué aucun changement épistémologique par rapport à la génétique, du moins pour l’instant, dans la manière dont on rend compte des traits phénotypiques des organismes. Le développement est toujours absent, les explications proposées gardent une certaine tendance réductionniste, et les références récurrentes au travail fondateur du biologiste Conrad Waddington trahissent son projet d’élaborer une explication systémique des dynamiques complexes du développement.

Affiche HiPhiS 2016-05-24 F. Merlin


 


Mardi 14 juin 2016 [conférence reportée au 18 octobre]
La complexité esquissée à partir de la pratique juridique : Aristote plutôt que Descartes ?
   Alain Papaux

   Juriste, Professeur de Philosophie du droit et de philosophie du droit de l’environnement à l’Université de Lausanne

17h30 – UM Faculté de Droit, amphithéâtre 201 “Pedro de Luna” (14 rue du Cardinal de Cabrières – bât. 2, 2e étage)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF375.2 Ko

Conférence annulée suite à une grève sur le réseau SNCF, reportée au 18 octobre 2016.

Invitation conjointe avec le CERCOP – Centre d’Études et de Recherches Comparatives Constitutionnelles et Politiques

Résumé :

  Nous sommes un corps, nous n’avons pas un corps. L’unité âme/corps est un problème très délicat dans la philosophie occidentale. La pratique juridique peut y apporter quelque lumière en tant que modèle heuristique du passage entre un Type général et abstrait et « ses » occurrences singulières et concrètes. Ce passage est souvent qualifié de déductif, démarche popularisée par Sherlock Holmes mais ne reflétant aucunement la logique indiciaire au cœur de la recherche scientifique et de l’enquête judiciaire : l’indice est un signe qui opère par contiguïté physique, par là le plus naturel pour nous, à l’exemple des traces. Sa structure recèle une inférence « si p alors q… » (si fumée alors feu) et non une équivalence « p ≡ q » (si fumée nécessairement feu). L’interprétation ou formulation de conjecture (le « si » de l’hypothético-déductif) s’éprouve intrinsèque à toutes les activités humaines, contribuant à leur complexité, en rendant notamment le contexte constitutif de tout sens : science embeded et non appliquée. Or le droit n’est qu’affaire d’interprétation, exemplaire à ce titre : le texte (signifiant) n’est pas la norme (signifié et référence), le Type n’existe qu’exercé dans ses Occurrences.
  Comme nul autre menacé de relativisme (Pascal), le droit opère un coup de force dogmatique faisant de la certitude à partir du conjectural (heuristique), de l’ontologique à partir de l’hypothétique, transformant au sein de leur continuité étymologique la cause (plaidée) en chose (arrêtée par le tribunal) en une manière d’auto-fondation de sa propre ontologie. Où l’on voit que le droit répond à la question du juste non du vrai, à partir de simples indices de surcroît, adoptant alors pour critère de pertinence le “beyond reasonable doubt”, conviction et non certitude, en aveu de finitude, de corporéité. Une science procédant par modèles et scenarii ne se fonde-t-elle pas non plus sur la conviction, notamment, fût-elle à la recherche du vrai ?

Affiche HiPhiS 2016-06-14 A. Papaux [conf. reportée]


 


Mardi 27 septembre 2016
Histoire et théorie des jeux : qu’est-ce qu’un récit analytique ?
   Philippe Mongin

   Économiste et philosophe de l’économie, D.R. CNRS, Professeur à HEC Paris, GREGHEC Groupement de Recherche et d’Études en Gestion d’HEC (CNRS / HEC)

17h30 – UM Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (bât. 31, campus Triolet)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF357.6 Ko

Invitation conjointe avec le LAMETA – Laboratoire Montpelliérain d’Économie Théorique et Appliquée

Résumé :

Par « récit analytique », on entend un genre d’étude historique apparu aux confins de l’économie, de la politologie et de l’histoire, qui combine le mode narratif ordinaire de l’histoire avec des modélisations que l’économie et la politologie empruntent aux théories formelles du choix rationnel et à la théorie des jeux particulièrement. On décrira ce nouveau genre en s’aidant de deux exemples d’histoire institutionnelle pris dans l’ouvrage Analytic Narratives de Bates, Greif, Levi, Rosenthal et Weingast (1998), ainsi que d’un travail personnel d’histoire militaire publié aux Annales (2008). On discutera de la capacité explicative des récits analytiques, ainsi que du problème inédit que pose à la théorie du discours la combinaison d’un récit ordinaire avec une modélisation formelle.

Références :
  R.H. Bates, A. Greif, M. Levi, J.L. Rosenthal, B. Weingast, Analytic Narratives, Princeton, Princeton University Press, 1998.
  R.H. Bates, A. Greif, M. Levi, J.L. Rosenthal, B. Weingast, “The analytic narrative project”, American Political Science Review, 94, 2000, p. 696-702.
  P. Mongin, « Retour à Waterloo. Histoire militaire et théorie des jeux », Annales. Histoire, sciences sociales, 63, 2008, p. 39-69.
  P. Mongin, “What are analytic narratives?”, Proceedings of the CMN (Computational Models of Narratives) Conference, Krakow, 2016.

Affiche HiPhiS 2016-09-27M P. Mongin


 


Mardi 11 octobre 2016 [conférence annulée]
Thème : sciences politiques – titre non communiqué
   Cédric Moreau de Bellaing

    MCF en sociologie du droit et sciences politiques, ENS Paris, EHESS

17h30 – lieu non précisé

Détails

Conférence annulée pour raison de santé

(résumé non communiqué, affiche HiPhiS non produite)

 


Mardi 18 octobre 2016 [nouvelle date – initialement prévue le 14 juin 2016]
La complexité esquissée à partir de la pratique juridique : Aristote plutôt que Descartes ?
   Alain Papaux

   Juriste, Professeur de Philosophie du droit et de philosophie du droit de l’environnement à l’Université de Lausanne

17h30 – UM Faculté de Droit, amphithéâtre 201 “Pedro de Luna” (14 rue du Cardinal de Cabrières – bât. 2, 2e étage)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF397.0 Ko | Plan du site UFR Droit – PDF530.3 Ko

(reprogrammation de la conférence annulée le 14 juin suite à une grève sur le réseau SNCF)

Invitation conjointe avec le CERCOP – Centre d’Études et de Recherches Comparatives Constitutionnelles et Politiques

Résumé :

  Nous sommes un corps, nous n’avons pas un corps. L’unité âme/corps est un problème très délicat dans la philosophie occidentale. La pratique juridique peut y apporter quelque lumière en tant que modèle heuristique du passage entre un Type général et abstrait et « ses » occurrences singulières et concrètes. Ce passage est souvent qualifié de déductif, démarche popularisée par Sherlock Holmes mais ne reflétant aucunement la logique indiciaire au cœur de la recherche scientifique et de l’enquête judiciaire : l’indice est un signe qui opère par contiguïté physique, par là le plus naturel pour nous, à l’exemple des traces. Sa structure recèle une inférence « si p alors q… » (si fumée alors feu) et non une équivalence « p ≡ q » (si fumée nécessairement feu). L’interprétation ou formulation de conjecture (le « si » de l’hypothético-déductif) s’éprouve intrinsèque à toutes les activités humaines, contribuant à leur complexité, en rendant notamment le contexte constitutif de tout sens : science embeded et non appliquée. Or le droit n’est qu’affaire d’interprétation, exemplaire à ce titre : le texte (signifiant) n’est pas la norme (signifié et référence), le Type n’existe qu’exercé dans ses Occurrences.
  Comme nul autre menacé de relativisme (Pascal), le droit opère un coup de force dogmatique faisant de la certitude à partir du conjectural (heuristique), de l’ontologique à partir de l’hypothétique, transformant au sein de leur continuité étymologique la cause (plaidée) en chose (arrêtée par le tribunal) en une manière d’auto-fondation de sa propre ontologie. Où l’on voit que le droit répond à la question du juste non du vrai, à partir de simples indices de surcroît, adoptant alors pour critère de pertinence le “beyond reasonable doubt”, conviction et non certitude, en aveu de finitude, de corporéité. Une science procédant par modèles et scenarii ne se fonde-t-elle pas non plus sur la conviction, notamment, fût-elle à la recherche du vrai ?

Affiche HiPhiS 2016-10-18 A. Papaux [reprogrammation]


 


Mardi 22 novembre 2016
Complexité de la relation corps-esprit
   Pierre Fourneret

   Médecin pédopsychiatre, Professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et au CHU de Lyon

17h30 – UM Faculté de Médecine, Salle des Actes (2, rue de l’École de médecine – Tram 4 “Peyrou – Arc de Triomphe”)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF285.5 Ko

Résumé :

  L’étude des relations corps – esprit est, de très longue date, au centre de la réflexion philosophique sur le sujet et, depuis le milieu du XVIIe siècle, un enjeu très sensible de la démarche de naturalisation des faits mentaux. Après avoir retracé, dans ses grandes lignes, l’évolution des idées et des modèles de compréhension de la relation corps – esprit, nous nous intéresserons plus particulièrement aux dernières avancées des neurosciences et des sciences du développement qui viennent retravailler de façon inédite la complexité de cette problématique.

Titulaire d’une thèse en neuropsychologie consacrée à la conscience de soi (dirigée par le Pr. Marc Jeannerod), chef du Service de Psychopathologie du Développement au CHU de Lyon, Pierre Fourneret intervient comme chercheur clinicien à l’Institut des Sciences Cognitives (CNRS & Université Claude Bernard) à Lyon, où il codirige l’équipe de recherche « Apprentissages & Communication ». Outre la question du développement du langage et de ses rapports avec la motricité et l’émergence de la pensée, il s’intéresse plus particulièrement, sous un angle épistémologique, à la relecture psychopathologique d’un certain nombre de troubles du développement à l’éclairage des récentes découvertes en neurosciences. Ses travaux concernent notamment les enfants « dys » et les enfants « à haut potentiel intellectuel ». Pierre Fourneret enseigne la clinique psychiatrique de l’enfant à la Faculté de Médecine Lyon-Est ; il dirige également le Service Commun de Formation en Sciences Humaines & Sociales de l’Université Claude Bernard Lyon 1.  (affiche composée avant réception du résumé)

Affiche HiPhiS 2016-11-22 P. Fourneret


 


Mardi 13 décembre 2016
La complexité en mosaïque : de la biologie à la philosophie
   Georges Chapouthier

   Neurobiologiste et philosophe, D.R. CNRS émérite, IHPST, Université Paris-1 Panthéon Sorbonne

17h30 – UM Faculté des Sciences, amphithéâtre A-6.03 (bât. 6, campus Triolet)

Résumé, affiche

Affiche A3 – PDF387.8 Ko

Résumé :

  La « complexité en mosaïque » est une tentative d’interprétation de la complexité du vivant. Les différents étages des êtres vivants, depuis les gènes jusqu’aux populations animales, peuvent se comprendre comme le résultat de deux processus répétés : juxtaposition d’unités similaires, puis intégration de ces unités dans un étage supérieur, dont les unités jadis juxtaposées deviennent alors des parties, dotées, comme les tesselles d’une mosaïque, d’une certaine autonomie.
  Le même processus peut être appliqué à la conscience, à la mémoire, au langage ou à la culture. Cette thèse, qui vient compléter la mécanique darwinienne, peut aussi s’appliquer à la philosophie, et notamment à l’éthique.

Affiche HiPhiS 2016-12-13 G. Chapouthier