Cycle HiPhiS 2024 : Question(s) d’échelle ? Regards croisés
Une dizaine de conférences prévues en 2024 [prochaine conférence]
Du microsopique au macrosopique, de l’individuel au collectif voire au très grand nombre, du local au global, du particulier au général… Tous ces contrastes dénotent une question de dimension, de limites spatiales ou temporelles ; autrement dit de territoires (domaines) et de frontières. Études ou recherches, quels que soient leurs “matériaux” ou leurs objets, s’inscrivent en général dans des échelles déterminées d’espace, de temps ou/et de quantité, en s’appuyant sur des outils spécifiques, sur des méthodologies/modèles adaptés, sur des grandeurs normées…
Renormalisation, massification, fragmentation, émergence… Appréhender le changement d’échelle d’un phénomène requiert souvent de réviser complètement son approche, voire de changer abruptement d’outil ou de modèle. Comme si les phénomènes, les processus, ne pouvaient s’appréhender concrètement / s’étudier sans rupture d’échelle alors qu’intrinsèquement il n’existe pas de discontinuités sous-jacentes… Le changement d’échelle induit-il un changement de nature ? Une analyse multi-échelle des phénomènes ou des systèmes complexes est-elle possible ?
S’attacher à recoudre entre elles les différentes échelles (i.e. des territoires, des dimensions) est une question essentielle, dont les intérêts sont aussi bien conceptuels que pratiques, …Comme il l’est d’aborder un problème par le biais de la multidisciplinarité.
Le cycle HiPhiS 2024 est soutenu par le Pôle Recherche MIPS (Mathématiques Informatique Physique Systèmes).
Cliquer sur les vignettes pour voir les affiches en grand format.
Jeudi 16 mai 2024
Du séminaire Julia à Bourbaki : les cours de Jean Delsarte sur les groupes et les algèbres de Lie (1938–1950)
Christophe Eckes
Historien des mathématiques, Enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine, Archives Henri-Poincaré, Nancy
14h – UM Faculté des Sciences, salle de cours SC-11.01 (campus Triolet, bât. 11)
Résumé, affiche
Invitation conjointe avec les 7e Rencontres PhilMathMéd 2024 (*) organisées par l’IMAG – Institut Montpelliérain Alexandre Grothendieck
Résumé :
(titre abrégé : Les cours de Delsarte sur les groupes et algèbres de Lie)
Les archives de Jean Delsarte (1903–1968, membre fondateur du groupe Bourbaki) sont actuellement conservées à la bibliothèque de l’Institut Élie-Cartan de Lorraine et elles ont jusque-là été exploitées tantôt sous l’angle de sa participation aux activités de ce collectif de mathématiciens, tantôt en fonction de sa carrière à la faculté des sciences de Nancy. Le fonds Delsarte comporte cependant toute une série de notes de cours quasiment inexploitées jusque-là, trois d’entre elles portant sur les groupes et les algèbres de Lie sur une période allant de 1938 au début des années 1950.
En nous appuyant sur ces notes de cours, nous montrerons tout d’abord que les exposés dédiés à l’œuvre d’Élie Cartan qui ont été présentés dans le cadre du séminaire Julia en 1936–1937 constituent une source d’inspiration évidente pour Delsarte dans ses enseignements préparant au certificat d’analyse supérieure, lesquels portent spécifiquement sur les groupes et les algèbres de Lie à la fin des années 1930. Nous établirons ensuite que cette thématique est à l’ordre du jour du séminaire de mathématiques avancées que Delsarte met en place à Nancy à partir de 1947 et qui conduira à la création de l’Institut Élie-Cartan, officialisée en 1953. Enfin, nous verrons dans quelle mesure le projet d’un livre sur les groupes et les algèbres de Lie, initié par les membres de Bourbaki après la Seconde Guerre mondiale, constitue une source d’inspiration majeure pour Delsarte, comme en atteste un troisième et dernier cours de niveau avancé qu’il dédie aux groupes et aux algèbres de Lie au début des années 1950.
(*) Les 7e Rencontres PhilMathMéd (Philosophie, Histoire et Didactique des Mathématiques en Méditerranée) les 16 et 17 mai 2024 à Montpellier, ont pour thème « écrire, apprendre et enseigner les mathématiques ». Voir le programme (participation au colloque complet sur inscription, gratuite).
Mardi 4 juin 2024
Le passage du droit à l’échelle globale
Benoît Frydman
Juriste et philosophe du droit, Professeur de droit constitutionnel à l’Université Libre de Bruxelles
17h30 – UM Faculté de Droit, amphithéâtre 2.0.01 “Claude Serres” (14 rue du Cardinal de Cabrières – bât. 2, RdC)
Résumé, affiche
Affiche A3 – PDF573 Ko | Plan du site UFR Droit – PDF530.3 Ko
Invitation conjointe avec le CERCOP – Centre d’Études et de Recherches Comparatives Constitutionnelles et Politiques
Résumé :
Depuis les années 1990, la philosophie du droit et l’épistémologie juridique ont remis en cause le nationalisme méthodologique très prégnant de cette discipline pour considérer le droit à l’échelle globale. Ce changement est considéré comme pertinent voire indispensable en raison de la mondialisation et de la numérisation des relations et des opérations à réguler, notamment dans des domaines des marchés financiers, de la production économique, de l’internet et des réseaux, de l’environnement et du dérèglement climatique. Comme toujours en droit, ce choix controversé mêle inextricablement des aspects épistémologiques et politiques, en particulier la remise en cause du modèle étatique/inter-étatique du droit qui prévalait auparavant et qui constitue toujours la doxa, certes de plus en plus en crise. Le passage au global n’implique pas seulement un changement d’échelle de la régulation mais une transformation complète des méthodes de la science juridique et des phénomènes qu’elle met au jour. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’un tel bouleversement se produit dans l’histoire des idées et des pratiques juridiques.
Mardi 24 septembre 2024
Des gènes aux écosystèmes : comment faire le lien entre des échelles si différentes
Virginie Courtier-Orgogozo
Biologiste, Chercheuse CNRS à l’Institut Jacques-Monod, Université Paris-Cité,
Professeure honoraire de chaire annuelle au Collège de France
17h30 – UM Faculté des Sciences, salle de cours SC-20.01 (campus Triolet, bâtiment 20)
Résumé, affiche
Résumé :
Depuis les travaux de Mendel au XIXe siècle, qui mettaient en évidence l’existence de “facteurs” microscopiques expliquant la couleur des fleurs, à la biologie d’aujourd’hui, qui envisage, pour lutter contre les épidémies ou le réchauffement climatique, de modifier génétiquement divers organismes tels les moustiques ou les plantes, nos rapports au monde vivant ont bien changé. Et ils continuent d’évoluer au fil des nouvelles découvertes. Comment appréhender, avec les connaissances d’aujourd’hui, l’effet des gènes sur les organismes et sur l’environnement ? Comment démêler toutes les interactions foisonnantes du vivant, des molécules aux écosystèmes ? Nous examinerons un des traits fascinants de la biologie, qui est sa capacité à faire le lien entre des échelles spatiales et temporelles extrêmement diverses.
Bibliographie-médiagraphie, pour aller plus loin :
□ Courtier-Orgogozo V. (2023), Penser le vivant autrement, Éditions du Collège de France. (leçon inaugurale de la chaire annuelle Biodiversité et Écosystèmes 2022–2023) | aperçu PDF sur HAL
□ Les cours de V. Courtier-Orgogozo au Collège de France (chaire annuelle Biodiversité et Écosystèmes, 2022–2023).
Mardi 1er octobre 2024
[conférence annulée –
reportée au 22 novembre]
De la mixité méthodologique à un mainstream théorique, puis au Tournant Empirique : un demi-siècle d’évolution de la science économique
Michel De Vroey
Économiste et Historien de la pensée économique, Professeur émérite à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve
15h30 – UM Faculté d’Économie, amphithéâtre C200 Lagarde (campus Richter, av. Raymond-Dugrand, bât. UFR Éco, 1er étage)
Résumé, affiche
Conférence annulée pour raison de santé, reportée à une date ultérieure
Invitation conjointe avec l’équipe d’accueil MRE – Montpellier Recherche en Économie
Titre complet : De la mixité méthodologique à l’émergence d’un mainstream théorique et de celle-ci au “Tournant Empirique” – Un essai sur l’évolution de la science économique au cours du dernier demi-siècle.
(From the rise of a methodologically grounded theoretical mainstream to the “Empirical Turn” — An essay on the history of economics over the last half-century)
Co-auteurs : Michel De Vroey, Luca Pensieroso
Résumé :
Dans cette synthèse historique, trois taxonomies nous servent de fil conducteur. La première a un triple contenu : « Theory without Measurement (TwM), Theory and Measurement (T&M), Measurement without Theory (MwT) ». La deuxième oppose les articles remplissant les conditions de mainstream et les autres – nous entendons la notion de mainstream comme étant méthodologiquement fondée au lieu d’avoir juste un contenu de prestige et de pouvoir : appartiennent au mainstream les articles reposant sur des choix méthodologiques considérés comme des sine qua non pour une bonne pratique de recherche. La troisième taxonomie oppose deux entendements de l’objet de la théorie économique : soit l’étude du fonctionnement de l’économie de marché, soit l’étude de la prise de décision dans le champ économique.
Nous divisons la période historique étudiée (1945 à 2020) en trois phases, dont la première couvre les décennies allant de la fin de la seconde guerre mondiale à l’année 1970 et durant laquelle aucun mainstream ne domine la recherche. Concernant la deuxième phase, nous avançons la thèse de l’émergence d’un mainstream dans le champ théorique, qui se manifeste par l’adoption de critères d’une bonne pratique de recherche dans les principales branches de la discipline. Plus précisément, ce sont quatre choix méthodologiques déjà en vigueur en microéconomie et en théorie des jeux : rôle central donné à la notion d’équilibre, modélisation mathématique, nécessité d’une contribution théorique (qu’elle soit du type TwM ou du type T&M), et explicitation des fondements microéconomiques.
La troisième phase, débutée au milieu des années 1990 et toujours vivante aujourd’hui, voit l’émergence du “Tournant Empirique” dans des spécialités distinctes (sous l’apparence d’une terminologie unitaire) : les expériences de laboratoire, les expériences de terrain (« randomized control trials ») et les expériences dites-naturelles. À leurs débuts, toutes ces spécialités appartiennent à la catégorie MwT ; mais, au contraire de ce qui prévalait auparavant en économie appliquée, ces nouveaux développements sont placés sous l’égide de critères explicites de bonne pratique. On assiste alors à la coexistence de deux mainstream : l’un plus ancien, le mainstream théorique, et l’autre, plus récent, le mainstream empirique. La première partie de notre étude consiste à étayer d’une manière approfondie l’émergence et les tenants et aboutissants de ces deux types de mainstream.
Dans la foulée de ces développements surgissent deux phénomènes. D’une part, une nouvelle spécialité « behavavioral economics » émerge en théorie des jeux, visant à réformer la théorie des jeux non-coopératifs « classique ». D’autre part l’ancienne conception de l’objet de la science économique, le fonctionnement de l’économie de marché, se voit rivaliser par une autre conception, l’étude de la prise de décision individuelle (soit dans un cadre individuel, soit dans un cadre interactif). Cet objet est à la fois plus large – il ne se limite pas à la décision économique – et plus étroit – il ne considère pas le mécanisme par lequel les plans optimisateurs deviennent compatibles.
Enfin dans une dernière partie, nous soumettons les thèses avancées plus haut à l’épreuve d’une vérification empirique en examinant comment les trois taxonomies évoluent au fil des phases historiques. Les résultats de cet exercice sont globalement positifs.
Vendredi 4 octobre 2024
Hommage à Pierre Bertholon (1741–1800), savant, électricien des Lumières
Colloque partenaire du séminaire HiPhiS
Organisé par l’association Alumni ONERA et le Pôle Recherche MIPS de l’UM
10h – UM Institut de Botanique, amphithéâtre Flahaut (163 rue Auguste-Broussonnet)
Détails, affiche (entrée gratuite, sur inscription)
plaquette-programme A5 – PDF1.2 Mo
|
informations et inscription en ligne
(inscription gratuite mais requise pour raisons d’organisation)
Ce colloque historique et scientifique souhaite rendre hommage à Pierre Bertholon (1741–1800), figure illustre en son temps mais oubliée de nos jours. Abbé et savant, physicien, “électricien des Lumières en Province” parfois surnommé “le Benjamin Franklin du Languedoc”, Bertholon fut titulaire d’une chaire de physique à Montpellier.
La matinée (10h–12h15) est dédiée aux aspects historiques : la vie et l’œuvre de Bertholon, le contexte intellectuel dans lequel il vécut à Montpellier et les traces qu’il a laissées au cours des siècles, enfin une évocation de Benjamin Franklin. Interventions par Jean-Paul Poirier (physicien, Académie des Sciences), Thierry Lavabre-Bertrand (UFR Médecine Montpellier), Marie-Claire Coët (ing. ONERA), Conor Maguire (Soc. Lettres Sci. Arts du Saumurois).
L’après-midi (14h30–17h30) est dédié à l’actualité de la recherche en lien avec l’aéronautique et les phénomènes électrostatiques (domaine où Betholon fut reconnu à son époque), dans leurs déclinaisons actuelles que sont notamment champs électriques, foudre et plasmas. Interventions par Philippe Lalande (chargé miss. ONERA), Paul-Quentin Élias (ing.-cherch. ONERA, Thierry Dufour (Lab. Phys. Plasmas, Sorbonne Univ.), Frédéric Wrobel (Inst. Électron. Systèmes Montpellier, IUF), Serge Soula (Lab. Aérologie Toulouse).
Ce colloque est organisé conjointement par l’association Alumni ONERA et le Pôle de Recherche MIPS de l’UM (Mathématiques, Informatique, Physique et Systèmes), en collaboration avec les Académies des Sciences de Paris et de Montpellier, sous le patronage de la Commission française de l’UNESCO ; et en partenariat avec le média Co-Working Channel, l’Association Aéronautique et Astronautique de France, le séminaire HiPhiS et l’Université du Tiers-Temps de Montpellier.
Comité d’organisation coordonné par Bruno Chanetz (Alumni ONERA) et François Henn (UM Pôle MIPS)
Mardi 5 novembre 2024
5e Journée Condorcet : « Grothendieck et l’écologie radicale »
Journée partenaire du séminaire HiPhiS
Organisée par l’IRES-FdS et l’IRCL, entrée libre
9h à 18h30 – UM Faculté des Sciences, amphithéâtre 36.01 (campus Triolet, bâtiment 36)
Détails, programme, affiche
affiche A3 – PDF660 Ko
| plaquette-programme A5 – PDF600 Ko
Informations sur le site IRES-FdS :
présentation
|
programme
Depuis 2016, l’IRES (anciennement département DESciRE) de la Faculté des Sciences de Montpellier, et l’IRCL (Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières, UMR 5186 CNRS UPVM3), organisent des journées d’étude consacrées à des questions contemporaines. Ces rencontres ont été nommées « Journées Condorcet » afin de marquer l’esprit rationnel dans lequel s’inscrivent les conférences et les débats. En effet les organisateurs estiment que le caractère actuel de ces questions ne doit pas être un prétexte pour les livrer aux raccourcis militants ni aux réductions partisanes.
Cette 5e Journée Condorcet est également soutenue par l’IMAG, son thème commémorant le dixième anniversaire de la disparition du célèbre et atypique mathématicien.
Au programme, quatre conférences invitées :
– Céline Pessis (AgroParisTech, SADAPT), Grothendieck et les scientifiques en rébellion des années 68 à aujourd’hui
– Pierre-Henri Gouyon (Muséum National d’Histoire Naturelle, ISyEB), Doute et rationalité : pourquoi la biodiversité s’effondre-t-elle ?
– Joëlle Le Marec (Muséum National d’Histoire Naturelle, PALOC) et
Igor Babou (Université Paris-Cité, LADYSS), Ce que la critique des sciences et l’écologie radicale font aux chercheurs et chercheuses
– Nicolas Bouleau (Ponts ParisTech, CERMICS), Scientisme et environnement : l’opportunisme stratifié.
Voir le programme et les résumés (sur le site IRES-FdS)
Prochaine conférence
Mardi 19 novembre 2024
L’échelle comme relation : de quelques cas en nanosciences et nanotechnologies
Sacha Loeve
Philosophe des Sciences, MC à l’Université Jean-Moulin Lyon 3, IRPhiL Institut de Recherches Philosophiques de Lyon
17h30 – UPVM3 site Saint-Charles, salle Caryatides (n° 003, RdC bât. St-Charles-2, rue Prof. Henri Serre | tram 1 Place Albert 1er – St-Charles)
Résumé, affiche
Invitation conjointe avec l’EA 4424 CRISES, UPVM3
Résumé :
Que sont les nanosciences et les nanotechnologies, sinon les sciences et les technologies pratiquées sur des objets à l’échelle du nanomètre, soit un milliardième de mètre ? Mais quelles sont les bornes de ce « nanomonde » ? Commence-t-il avec les atomes, les molécules, les agrégats ? S’arrête-t-il après 100 nanomètres, de sorte qu’une particule de 101 nanomètres ne serait plus une « nanoparticule » ? Ou s’arrête-t-il juste en dessous du micron, à 999 nanomètres ? Mais tout objet matériel, même macroscopique, n’a-t-il pas aussi une structure nanométrique ? Et enfin, au nom de quoi une échelle définirait-elle un champ scientifique ? Par exemple, on ne parle guère de « microsciences »…
Ces questions qui confinent à l’absurde montrent les impasses auxquelles on s’expose faute d’un concept satisfaisant de l’échelle. Pourtant, si la mode du « nano » des années 2000–2010 est passée, les recherches menées sous ce label continuent, indiquant qu’au-delà des promesses (non tenues) de révolution industrielle, quelque chose d’intéressant s’est joué et continue à se jouer sur le plan épistémique avec cette focalisation sur l’échelle nanométrique.
Au vu de quelques cas d’étude issus des nanosciences et nanotechnologies, nous soutiendrons que ce n’est pas la taille, mais ses propriétés relationnelles qui rendent l’échelle nanométrique pertinente. À partir de cette redéfinition de l’échelle comme relation, nous tenterons également de distinguer le concept d’échelle de concepts voisins comme ceux de taille, d’ordre de grandeur, et de résolution.
Conférences à venir
Vendredi 22 novembre 2024
[nouvelle date – initialement prévue le 1er octobre]
De la mixité méthodologique à un mainstream théorique, puis au Tournant Empirique : un demi-siècle d’évolution de la science économique
Michel De Vroey
Économiste et Historien de la pensée économique, Professeur émérite à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve
14h30 – UM Faculté d’Économie, amphithéâtre C200 Lagarde (campus Richter, av. Raymond-Dugrand, bât. UFR Éco, 1er étage)
Résumé, affiche
Conférence annulée pour raison de santé, reportée à une date ultérieure
Invitation conjointe avec l’équipe d’accueil MRE – Montpellier Recherche en Économie
Titre complet : De la mixité méthodologique à l’émergence d’un mainstream théorique et de celle-ci au “Tournant Empirique” – Un essai sur l’évolution de la science économique au cours du dernier demi-siècle.
(From the rise of a methodologically grounded theoretical mainstream to the “Empirical Turn” — An essay on the history of economics over the last half-century)
Co-auteurs : Michel De Vroey, Luca Pensieroso
Résumé :
Dans cette synthèse historique, trois taxonomies nous servent de fil conducteur. La première a un triple contenu : « Theory without Measurement (TwM), Theory and Measurement (T&M), Measurement without Theory (MwT) ». La deuxième oppose les articles remplissant les conditions de mainstream et les autres – nous entendons la notion de mainstream comme étant méthodologiquement fondée au lieu d’avoir juste un contenu de prestige et de pouvoir : appartiennent au mainstream les articles reposant sur des choix méthodologiques considérés comme des sine qua non pour une bonne pratique de recherche. La troisième taxonomie oppose deux entendements de l’objet de la théorie économique : soit l’étude du fonctionnement de l’économie de marché, soit l’étude de la prise de décision dans le champ économique.
Nous divisons la période historique étudiée (1945 à 2020) en trois phases, dont la première couvre les décennies allant de la fin de la seconde guerre mondiale à l’année 1970 et durant laquelle aucun mainstream ne domine la recherche. Concernant la deuxième phase, nous avançons la thèse de l’émergence d’un mainstream dans le champ théorique, qui se manifeste par l’adoption de critères d’une bonne pratique de recherche dans les principales branches de la discipline. Plus précisément, ce sont quatre choix méthodologiques déjà en vigueur en microéconomie et en théorie des jeux : rôle central donné à la notion d’équilibre, modélisation mathématique, nécessité d’une contribution théorique (qu’elle soit du type TwM ou du type T&M), et explicitation des fondements microéconomiques.
La troisième phase, débutée au milieu des années 1990 et toujours vivante aujourd’hui, voit l’émergence du “Tournant Empirique” dans des spécialités distinctes (sous l’apparence d’une terminologie unitaire) : les expériences de laboratoire, les expériences de terrain (« randomized control trials ») et les expériences dites-naturelles. À leurs débuts, toutes ces spécialités appartiennent à la catégorie MwT ; mais, au contraire de ce qui prévalait auparavant en économie appliquée, ces nouveaux développements sont placés sous l’égide de critères explicites de bonne pratique. On assiste alors à la coexistence de deux mainstream : l’un plus ancien, le mainstream théorique, et l’autre, plus récent, le mainstream empirique. La première partie de notre étude consiste à étayer d’une manière approfondie l’émergence et les tenants et aboutissants de ces deux types de mainstream.
Dans la foulée de ces développements surgissent deux phénomènes. D’une part, une nouvelle spécialité « behavavioral economics » émerge en théorie des jeux, visant à réformer la théorie des jeux non-coopératifs « classique ». D’autre part l’ancienne conception de l’objet de la science économique, le fonctionnement de l’économie de marché, se voit rivaliser par une autre conception, l’étude de la prise de décision individuelle (soit dans un cadre individuel, soit dans un cadre interactif). Cet objet est à la fois plus large – il ne se limite pas à la décision économique – et plus étroit – il ne considère pas le mécanisme par lequel les plans optimisateurs deviennent compatibles.
Enfin dans une dernière partie, nous soumettons les thèses avancées plus haut à l’épreuve d’une vérification empirique en examinant comment les trois taxonomies évoluent au fil des phases historiques. Les résultats de cet exercice sont globalement positifs.
Suite du programme en préparation…