Cycle HiPhiS 2010–2011 : Objectivité / Subjectivité
7 conférences programmées de novembre 2010 à novembre 2011.
Nous avons pris l’habitude de définir la science en termes d’objectivité, traçant une frontière nette avec la sphère de la subjectivité. Mais l’histoire nous apprend que cette notion d’objectivité est récente : elle apparaît au milieu du XIXe siècle puis se diffuse largement. Elle revêt diverses figures : l’objectivité mécanique, où l’automatisation des procédés est censée déjouer la partialité de l’observateur ; l’objectivité structurale, où l’on recherche des relations de plus en plus abstraites ; puis par réaction l’affirmation du rôle de l’expert : le jugement instruit. Ce thème, qui traverse l’ensemble des disciplines représentées dans le séminaire HiPhiS, nous permettra d’interroger cette distinction à la lumière des recherches actuelles.
Cycle en partenariat avec le programme MSH-M « Science et société »
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Mardi 16 novembre 2010
La constitution de l’objectivité mathématique – à la recherche d’un platonisme historique
Marco Panza
Historien des sciences, D.R. CNRS, IHPST, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17h30 – IUFM, amphithéâtre H (2 place Marcel Godechot)
Résumé, affiche
Résumé :
Le platonisme en philosophie des mathématiques est la thèse d’après laquelle les mathématiques parlent d’objets (abstraits) que leurs théorèmes décrivent. Cette thèse générale peut se formuler et a été formulée en maintes manières différentes, en donnant lieu à des versions très différentes du platonisme. Selon les versions les plus courantes, les objets mathématiques existent indépendamment de nous et, en particulier de notre activité mathématique. Ces versions (aussi assez différentes parmi elles) sont ouvertes à plusieurs objections, dont nombreuses sont classiques.
Après avoir discuté certaines de ces options et les objections respectives, on essayera d’esquisser une proposition alternative fondée sur l’idée que les objets mathématiques sont constitués par notre activité mathématique.
Mardi 22 mars 2011
La biologie synthétique, des « chimères » à l’ingénierie. Aspects historiques et épistémologiques
Stéphane Tirard
Historien des sciences, directeur du Centre François Viète, Université de Nantes
17h30 – UM2 Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (campus Triolet, bât. 31)
Résumé, affiche, lien vidéo
Affiche A3 – PDF283.3 Ko | Vidéo (1:28’59”)
Invitation dans le cadre du programme MSH-M « Science et société »
Résumé :
La biologie synthétique s’impose aujourd’hui comme un nouveau champ disciplinaire et s’illustre par des résultats aussi remarquables scientifiquement que spectaculaires, tels que la synthèse, en 2010, d’un génome complet de bactérie par une équipe du Craig Venter Institute.
Ces nouveaux possibles appellent une réflexion sur la distinction entre synthèse du vivant et biologie synthétique. Nous proposons de l’éclairer par un regard historique et épistémologique porté sur des travaux allant de la Biologie synthétique de Stéphane Leduc, au début du XXe siècle, jusqu’aux récents développements du génie génétique, en passant notamment par certaines approches de la question des origines de la vie.
Mardi 19 avril 2011
Is scientific knowledge objective?
Peter Heering
Didacticien des sciences, Professeur à l’Université Européenne de Flensburg (Allemagne)
17h30 – UM2 IAE, amphithéâtre Robert Reix (campus Triolet, bât. 29)
Résumé, affiche, lien vidéo
Affiche A3 – PDF357.8 Ko | Vidéo (57’45”)
Invitation dans le cadre du programme MSH-M « Science et société » | conférence présentée en anglais
Résumé :
Many people understand sciences (and in particular physics) as extraordinary as the knowledge produced is said to be objective. This understanding result at least in part from three principal reasons: Scientific experimentation is considered to be a straightforward manner of knowledge production, social aspects in the discourse on scientific knowledge are neglected, and the historical development of the sciences and the scientific knowledge is ignored. Such an understanding appears to be questionable at closer examination. A discussion of the objective notion of scientific knowledge is particularly important from my understanding: the status of this knowledge is relevant not only with respect to scientific discussions, but in particular regarding political and social discussions about sciences and their application.
In my presentation, I am going to discuss knowledge production in physics in general and with respect to scientific experimentation in particular. This discussion will be made from a historical perspective. In doing so, I will refer on the one hand to experiences made in analyzing experiments with the replication method. On the other hand, I will refer in particular to Ludwik Fleck’s epistemological conception of ‘style of thought’ and ‘thought collective’. This conception appears to be a fairly adequate description of scientific knowledge systems and their generation. However, it also forms an approach by which social factors enter the discussion. Consequently, the understanding of scientific knowledge is transformed from being objective to being intersubjective.
Mardi 26 avril 2011
Révolution informatique et inversions mentales
Gérard Berry
Informaticien, ingénieur général des Mines, D.R. INRIA, Professeur au Collège de France, Membre de l’Académie des Sciences
17h30 – UM2 IAE, amphithéâtre Robert Reix (campus Triolet, bât. 29)
Résumé, affiche
Invitation dans le cadre du programme MSH-M « Science et société » | Conférence associée avec le débat virtuel « Web et révolution »
Résumé :
Dans les 50 dernières années, la science et la technologie informatique ont connu une suite d’évolutions majeures, qui ont provoqué des bouleversements considérables dans de nombreux pans de la société et dans la plupart autres sciences. Avec l’arrivée massive de réseaux rapides et ubiquitaires, de nouveaux types d’objets informatisés, et de nouvelles capacités de modélisation et de contrôle de phénomènes de plus en plus complexes, ce grand mouvement va encore s’accélérer et étendre son impact. Il produira de nombreux effets spectaculairement bénéfiques un peu partout, mais aussi des tensions et rejets de tous ordres, souvent liés au manque la compréhension des phénomènes réels à l’œuvre et des enjeux associés. Or, la compréhension même grossière de ce qu’est réellement l’informatique et de pourquoi elle est aussi puissante reste trop peu répandue. Nous étudierons les causes intimes de tous ces bouleversements, qui sont souvent peu connues, les inversions mentales majeures que produit l’informatique dans de nombreux domaines, qui ne sont pas toujours bien comprises même de leurs acteurs, et discuterons comment mieux expliquer ces états de faits au grand public. Nous insisterons enfin sur la nécessité absolue d’intégrer la science informatique dans l’enseignement au sens large, ce qui nous paraît absolument indispensable pour que nous fassions encore partie des créateurs du monde numérique qui s’installe inexorablement.
Mardi 17 mai 2011
Sport et médecine d’amélioration : aspects éthiques et philosophiques
Jean-Noël Missa
Philosophe des sciences biomédicales, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles
17h30 – UM1 Fac de Médecine, Theatrum Anatomicum (rue de l’école de médecine)
Résumé, affiche, lien vidéo
Affiche A3 – PDF298.6 Ko | Vidéo (1:06’25”)
Invitation dans le cadre du programme MSH-M « Science et société »
Résumé :
La raison donnant à la question de l’amélioration des performances sportives une dimension philosophique et éthique qu’elle ne possédait pas antérieurement, c’est l’inclusion de la question du dopage dans un champ plus large, celui de la médecine d’amélioration. L’effacement des frontières entre médecine thérapeutique classique et médecine d’amélioration constitue une des caractéristiques principales de la biomédecine du XXIe siècle. Dans la biomédecine contemporaine, les nouveaux médicaments et technologies thérapeutiques peuvent être utilisés non seulement pour soigner le malade mais aussi pour améliorer certaines capacités humaines. La médecine n’est plus uniquement thérapeutique. Certains attendent d’elle qu’elle intervienne dans l’amélioration des performances et dans le « perfectionnement » de l’humain, y compris dans le domaine sportif. Dans ce contexte, le sport de compétition pourrait devenir un des principaux laboratoires de l’ « enhancement ». La rencontre du sport et de la biotechnologie d’amélioration soulève des questions d’éthique, de philosophie et de politique sportive qui n’offrent pas de réponses simples. La politique de prohibition et de répression du dopage ne constitue certainement pas la seule stratégie possible.
Mardi 07 juin 2011
L’objectivité du discours juridique en question : le juriste peut-il parler du droit sans parler d’autre chose ?»
Jean-Jacques Sueur
Professeur de droit public, CERC, l’Université de Toulon et du Var
17h30 – UM1 Fac de Droit, amphithéâtre 001 (14 rue du Cardinal de Cabrières, bât. 2)
Résumé, affiche, lien vidéo
Affiche A3 – PDF308.8 Ko | Vidéo (1:00’07”)
Invitation dans le cadre du programme MSH-M « Science et société »
Résumé :
La question qu’on se propose de traiter est une des plus difficiles qui soit pour un juriste parce qu’elle remet en question bien des choses, à commencer par l’exercice de son métier. Poser la question de l’ « objectivité », c’est instiller le doute sur la possibilité de son exercice ou la (feinte) naïveté de ceux qui le font.
Pour éviter les mésaventures de la belette et du lapin dans la fable de La Fontaine, pour sauver la face donc, les juristes se rassurent le plus souvent en ayant recours à ce qu’il est convenu d’appeler l’épistémologie : qu’est-ce qu’une science ? Le droit en est-il une, et si oui, jusqu’où ?
Nous ferons de même mais en tentant d’historiciser le propos. Nous pensons en effet que ce problème a une histoire et que la question du droit et de l’objectivité en droit, si elle ne commence à se poser que tardivement, change de sens en même temps que le droit se transforme et se voit affecté à certaines « fins pratiques » dont il est difficile de le dissocier.
Cette histoire peut être lue à la manière de Michel Foucault, comme une succession de plans nettement découpés, autour de points de ruptures connus : genèse de la loi moderne, naissance, vie et mort (?) de l’État.
On se propose donc de repérer les caractéristiques de ces différents « points de rupture » et les conséquences qu’elles comportent du point de vue qui nous intéresse : la fable de La Fontaine nous dit toujours quelque chose, mais que dit-elle au juste ? Et à qui le dit-elle ?
Mardi 08 novembre 2011 [conférence annulée]
Faut-il croire au big bang ? Réflexions historiques et philosophiques
Thomas Lepeltier
Historien des sciences et docteur en astrophysique, Chercheur indépendant
17h30 – UM2 Polytech, amphithéâtre Serge Peytavin (campus Triolet, bât. 31)
Résumé, affiche
Invitation dans le cadre du programme MSH-M « Science et société » et conjointe avec l’Agora des savoirs
Conférence annulée (thème repris hors cadre HiPhiS par l’association Kyklos)
Résumé :
Le modèle du big bang fait l’unanimité de nos jours. Comment s’est-il imposé ? Quelles sont ses faiblesses ? Est-il le seul modèle cosmologique envisageable ? Pour apporter des éléments de réponse à ces questions, nous reviendrons sur quelques moments clefs de l’histoire de la cosmologie du XXe et XXIe siècle, en essayant de peser à chaque fois le poids des arguments observationnels, théoriques et philosophiques.